Il y a encore quelques mois ~ Vaisseau pirate ~ {PV Auron}

Comment j'en étais arrivé là ? Je ne sais plus, ni pourquoi, ni comment ? J'aurais pu tout aussi bien m'arrêter, renoncer à mes rêves oubliés. J'aurais dû renoncer à ma raison d'être ? Tant de questions, sans la moindre réponse, aucun espoir dans cette mer absurde de sang. Qu'aurez été mon destin si je n'aurais pas prit les armes ? Suis-je arrivé à mon objectif ... ou bien l'est-je complètement raté ?




Traversant les couloirs, la demoiselle réfléchie annonçant le début d'un récit.

Je m'appelle Caroline, âgé de 28 ans, je suis une espionne de la Niger Corporation, mais mon secret reste bien gardé au sein du vaisseau pirate où j'ai élu domicile. Voilà déjà cinq ans que je navigue dans l'espace, entouré d'hommes aussi repoussant que chiant. Je fais avec, n'oubliant jamais de vu mon objectif, celui pour lequel je suis ici. Bien évidemment, je suis habitué à me comporter d'une manière différente en leurs présences, il ne faut surtout pas qu'ils sachent ce que je suis. Ou bien ce serait la mort assurée.

Depuis un an environ, j'ai pu monter en grade, ayant la confiance absolu de notre capitaine. Je mène les hommes au combat, je les tiens d'une main de fer. Seule femme du navire, au début ça m'a été difficile de me faire admettre auprès d'eux. J'aurais pu lâcher l'affaire et rentré bien sagement à la Niger, mais voilà je n'ai nullement envie d'atteindre l'échec de ma mission. Personne, n'a jamais réussi à toucher mon corps et ça resterait comme ça sur ce navire. Aucun homme n'est digne de me toucher, de me savourer.

L'heure de la pause déjeuner était arrivé et Caroline s'apprêtait également à ce ressourcer. Les plats ne sont pas les meilleurs qu'elle ait pu goûter, mais la vie est faite ainsi. Entrant dans ce semblant de salle servant le souper, les voix se fient légèrement plus calmes, les discussions, sans être interrompu, devint un peu moins bruyante. Pour cause, Caroline est une gueularde de première, aimant le calme, durant sa pause déjeuner.

C'est pathétique à quel point ils se calment, mais bon je ne vais pas me plaindre, j'ai réussi à les apprivoiser.

Caroline pris de quoi manger et s'installa à une table, seule, pour savourer ce repas. Comme d'habitude elle demandait, calme et qu'on lui fiche la paie durant ce moment intimement alimentaire.

Ce vaisseau était magnifique... Auron ne se laissait jamais de parcourir les couloirs de long en large, explorant cet univers qu'il connaissait pourtant déjà par cœur. Il ne savait plus depuis quand il était pirate, mais il savait qu'il ne s'arrêtera pas en si bon chemin. Un bras contre une éternité de liberté et de gloire, c'était pas cher payé. Le quarantenaire sentit alors son estomac lui annoncer qu'il serait temps de manger et il se rendit donc vers la cafétéria.

C'était vraiment le seul point noir du tableau : la bouffe était dégueulasse. A moins qu'ils ne pillent un vaisseau restaurant, le vaisseau n'avait que pour unique repas des rations conditionnées pour être mangeable des siècles après... et donc, forcément, c'était dégueulasse... arrivé dans la pièce, il constata que la plupart des tables étaient prises et le silence qui régnait ne trompait personne : ELLE était là... la rabat-joie de service.

En tant que seule femme de l'équipage, Auron pouvait concevoir qu'elle devait se montrer très dure, notamment car beaucoup d'hommes tentent sans doute de l'avoir dans leur lit, les pauvres naïfs qu'ils étaient, mais de là à carrément saper le moral de l'équipage en les empêchant de laisser libre cours à leur joie, c'était peut-être un peu trop. Auron soupira et s'avança en quête d'une place... ah zut, il n'y avait qu'un endroit où il pouvait s'installer. Il prit alors place face à Caroline.

C'était un joli bout de femme, certes bien plus jeune qu'Auron mais elle faisait rêver. Et puis elle avait gagné le respect de l'équipage malgré son mauvais caractère. Une rumeur circulait comme quoi elle pourrait bien prendre la place du capitaine quand ce dernier ira à la retraite.

« Eh bien ma chère, je suis désolé de m'immiscer dans tes heures de collation mais je n'ai nulle part ailleurs où m'asseoir. »

Souriant, l'homme posa son plateau repas et s'installa avant de se saisir de son couteau, coupant d'une main sa nourriture, puis il se saisit de sa fourchette et entama son repas.

« Tout va comme vous voulez, capt'ain Caro ? »

Caroline mangeait du mieux qu'elle pouvait, le calme était présent. Néanmoins, quelque chose changea l'atmosphère, du coin de l'oeil, la demoiselle regarde la raison de ce changement. Le seul homme de l'équipage, hormis le capitaine lui-même, que Caroline n'avait pas d'emprise. Certes il n'était pas du genre à essayer quoique ce soit, mais elle se doutait qu'elle n'aurait pas assez de force pour le maîtriser si cela devait arriver. Par chance, il n'était pas comme la plupart des hommes en manque de compagnie. Pourtant, Caroline ressentait une certaine colère dès qu'elle le voit, justement à cause de ce manque flagrant d'emprise, le faisant passer pour le messie auprès de l'équipage. Concrètement, elle n'a rien contre lui, c'est justement cette raison et le fait qu'elle ait un faible pour lui, que ça l'énerve. Néanmoins, elle n'a jamais montré aucun signe d'attirance, ce serait la fin de sa mission et la perte total de l'emprise qu'elle à sur ces hommes.

Elle continua de manger et s'arrêta net quand Auron s'arrêta devant à sa table. Il s'excusa et expliqua la raison de cette proximité non désiré. Pour confirmer qu'il ne disait pas de mensonges, Caro leva la tête pour regarder si toutes les tables étaient prises et en effet, il avait raison, plus aucune place, sauf là où elle se trouve. Elle n'était pas non plus un monstre, elle ne va pas obliger quelqu'un à manger par terre, quoi que certains, elle en est certaine, serait prêt à manger dans les pires conditions pour ne pas la mettre en colère.

Sans rien dire, elle donna un coup de pied dans la chaise en face d'elle pour monter à Auron qu'il pouvait s'installer, puis recommença à manger. Les discutions à voix bases, venaient de cesser, elle se doutait bien que les hommes étaient tous choqués de la réaction de Caroline, mais également de l'assurance d'Auron, ce qui l'énerva davantage. Pourtant, il fallait quelle garde contenance.

Heureusement qu'elle sait cacher ses sentiments, ses années d'apprentissages l'avaient aidé à dissimuler la moindre contrariété. Même quand Auron sourit, elle ne montra aucun signe que ce simple rictus, la faisait complètement craqué. C'est du coin de l'oeil qu'elle continua d'observer son camarade, mais voyant les discutions, ne pas réellement reprendre, elle regarda le reste de l'équipage qui les fixaient. Très vite, ils reprirent leurs discutons et ainsi plus aucun regard n'était braqué sur eux.

Durant ce temps, Auron mangeait du mieux qu'il pouvait, ce n'était pas l'absence d'un bras, qui allait dégoûter Caroline, elle avait bien pire. C'était même admirable de voir un homme vivre sa vie comme si de rien n'était.

« Tout va comme vous voulez, capt'ain Caro ? »

Il cherche les emmerdes, en plus, des rumeurs, voilà qu'Auron en rajoute une couche, tout pour la mettre en rogne, même s'il avait demandé comment elle allait. Pas besoin de faire un scandale dans la salle. Plutôt discrètement, elle donna un coup de pied dans le tibia d'Auron et lui lança un regard plus que noir. Elle parla assez bas, pour ne pas créer d'émeute.

- Auron, ne m'appelle plus comme ça ou crois-moi, tu passeras un sale quart d'heure.

Même n'ayant aucune emprise sur lui, elle tentait toujours d'avoir un semblant de contrôle et son attirance pour lui, ne l'aidait pas à résonner convenablement.

Manger en compagnie de Caroline n'était pas la pire expérience qui soit : elle restait quand même supportable tant qu'on lui foutait la paix, mais son manque de sociabilité était quand même un lourd handicap si elle visait le poste de capitaine : un capitaine devait certes savoir se montrer dur et impitoyable, mais si elle ne faisait rien pour se montrer plus sociable avec l'équipage, elle aura du mal à gagner leur sympathie. Certes, elle avait déjà leur respect et a prouvé qu'elle savait commander, mais une affection pour l'équipage serait un plus.

Voyant qu'elle acceptait qu'il mange face à elle, Auron estima donc qu'il était temps de tenter de la décoincer un peu. Le « capt'ain Caro » n'était qu'une petite blague pour tenter de lui arracher un sourire... au lieu de ça il a eu droit à un coup de pied dans le tibia, certes pas fort, mais il comprit malgré tout qu'il a raté son coup.

« Auron, ne m'appelle plus comme ça ou crois-moi, tu passeras un sale quart d'heure.
- Il faudra pourtant t'y faire, tu es bientôt en haut de l'échelle, je n'aurais plus le droit de juste t'appeler Caro après ça. »

Oh bien sur que si il pourra, mais en privé. Devant les autres, ça sera « cap'tain » sinon rien. Et de toute façons, il n'avait aucune chance de la croiser en privé vu sa tendance à toujours rester loin de tout contact.

« Sinon ma question tient toujours : ça va comme tu veux ? »

Malgré les bruits de conversation, Auron savait bien qu'il était au centre des attentions, avec Caro. Tout le monde se demandait comment lui, quarantenaire décomplexé qui a déjà fait ses preuves, pouvait lui tenir tête au cours d'un dialogue alors qu'elle était aussi associable et potentiellement dangereuse.

Caroline n'était plus sociable depuis des années, pourtant un peu de chaleurs humaines ne lui feraient pas de mal. La demoiselle avait perdu tout espoir en ce qui concerne les relations entre humains. Dorénavant elle jouait les méchantes, ce qui était parfait pour sa couverture.

Ses sentiments pour Auron lui compliquait la tâche, elle aurait pu abandonner la mission et avoir un minimum de vie social, mais ce n'était pas au programme, par-dessus tout, Caroline détestait perdre. Maintenant qu'il était assis en face d'elle, la demoiselle faisait tout pour ne pas croiser son regard, de plus les autres les observaient, discrètement, assez discret que Caro les a repérés à dix-milles lieux. Peu importe, heureusement pour elle, il lui facilitait la tâche en parlant de choses fâcheuses. Comme la place du capitaine. Elle n'a jamais désiré avoir cette place, mais pour son projet, c'était une opportunité à ne pas laisser passer.

*Idiot, je préfère que tu m'appelles Caro.*

En effet, de savoir qu'il l'appellerait « cap'tain » lui déchirait un peu le coeur. Malgré tout ce qu'elle peut penser, sur le fait qu'il l'emmerde, les moments où il lui résiste, où il l'appelle Caro, alors que les autres ne le font pas, par peur. Ces moments-là, Caroline les aime, malgré sa mission, malgré ce qu'elle ressent.

Elle ne releva pas quand il remit sur le tapis, que très bientôt il devra l'appeler « Cap'tain Caro », préférant jouer la sourde oreille, Caroline continua son festin. Néanmoins, il ne s'arrêta pas là. Il lui demande comment elle allait, pour la seconde fois. C'était le moment pour elle de sortir les griffes. Relevant la tête, moitié blasé, moitié énervé, elle fixa Auron avant de répondre.

- Jusqu'à que tu viennes m'emmerder j'allais parfaitement bien.

La fin de sa phrase était soutenue par un sourire légèrement sarcastique. Elle n'avait pas envie de s'énerver et pourtant ça montait. Jeter le reste de son plateau à la tête d'Auron, oui ça se serait parfait pour ne pas montrer qu'elle apprécie un peu trop cet homme. Surtout depuis qu'elle avait plongé dans son regard.

Toujours le regard fixe, un homme, un seul réussi à la mettre dans une rage si définissable de sa personnalité. Ce n'était pas son assiette qui partie, mais la bouteille à côté d'elle. Ce qu'elle contenait elle s'en fichait, tout ce qui importait c'était le calme. Pourtant Auron la défiait et l'homme qui avait rigolé un peu trop fort ruinait son bien-être, alors elle prit la bouteille et la lança dans la direction du bruit. Pour donner plus de force à son geste, elle s'était levée, tout ça instinctivement.

Par chance la bouteille se fracassa sur le mur, ne blessant personne sur le passage, c'était rare quelle loupe sa cible, l'effet Auron, comme elle aimait le dire. Dès qu'il est dans les parages elle déraille pour un rien et en plus elle rate la plupart du temps.

- Tous ceux qui ont décidé de m'emmerder sortent immédiatement.

Sa voix était rude, la salle commença à se vider. Pendant ce temps elle se rassit et continua son repas.

Caro est toujours aussi froide et asociale. C'était vraiment dur de la dérider, un vrai challenge pour Auron, mais il ne baissera pas les bras. Il voulait un sourire, même forcé, mais il voulait la décoincer.

« Jusqu'à que tu viennes m'emmerder j'allais parfaitement bien.
- Ravi de voir que ma compagnie te fasse plaisir. »

Elle a dit ça avec un sourire sarcastique. Il n'en attendait pas plus d'elle, il savait bien que jamais elle ne lui décocherais un « très bien et toi ? ». C'est peut-être ce manque de sociabilité et cette froideur qui la rendait irrésistible. Auron était certes beau parleur et un peu dragueur quand il pouvait se permettre de jouer un peu du charme sur les femmes, mais Caro restait un challenge dont il ne pouvait se détourner, même s'il savait que les chances étaient minces. Oh, il ne la voyait pas comme un simple trophée, il la trouvait vraiment séduisante et attirante et si l'avenir les mettait ensemble, il se donnera sérieusement dans leur relation, mais sinon, il avait vraiment pour objectif de la décoincer.

Un rire s'éleva alors. Auron eut tout juste le temps de se demander quel objet allait voler que déjà la bouteille était partie rencontrer le mur, déversant son contenu à tout va. Il resta stoïque, face à Caro, il savait qu'elle avait manqué sa cible. Beaucoup parlaient de la précision légendaire de cette femme, mais elle a toujours raté en sa présence. Soit c'était lui qui n'avait pas de chance et qui n'était jamais là quand elle réussissait, soit elle ratait délibérément quand il était là, restait à savoir pourquoi.

« Tous ceux qui ont décidé de m'emmerder sortent immédiatement. »

Auron était certain que personne n'avait décidé de l'emmerder, sauf s'ils avaient de soudaines pulsions suicidaires, et pourtant la salle se vidait. Non pas par peur de représailles s'ils venaient à l'emmerder involontairement, mais par peur qu'elle ne s'en prenne à eux si ça dérapait encore. C'était qu'elle faisait peur, la Caro. Auron regarda autour d'eux. Queques braves subsistaient, mais les tables étaient recouvertes de plateaux repas dont la plupart n'étaient pas vidés de leur contenu.

« Quel gâchis... tu pourrais au moins les laisser finir leur repas avant de les chasser. »

Auron finit tranquillement son assiette et observa son interlocutrice. Il la provoquait gentillement, histoire de l'inciter à se défouler. Ca sera peut-être plus simple de la faire sourire après ça.

A l'arrivée de Caroline, les hommes ne s'étaient pas gênés pour venir la voir et demander des services d'ordre sexuel, mais tout de suite elle avait mis les choses au clair. En y repensant, au départ elle n'était pas tout à fait à l'aise, voir même au bord du cauchemar, mais aujourd'hui elle avait le dessus sur sa situation. Aucun homme n'a réussi à l'approcher, même si certains fous c'était risqué à rentrer dans sa chambre, privée, pour essayer à leurs fins. D'ailleurs plus personne n'avait tenté le coup, quand elle avait presque failli émasculer l'un des hommes.

Alors elle continuait ce rôle qu'elle s'était si bien fixé. Même à la corp, elle était froide et distante avec les autres, mais ils étaient tous distingués et tellement bien élevés, ne cherchant pas à la sauter à tout va. C'était peut-être la raison pour laquelle Caroline n'a rien contre le capitaine et pour Auron, son attitude l'énervait, mais elle doit bien l'avouer, il n'a jamais essayé de la toucher.

Elle le connait depuis qu'elle est ici, c'est l'un des rares seuls avec qui elle ne se méfie de rien. Après, quand elle doit aller en mission pour le capitaine, même si, elle aimerait bien qu'il soit là pour assuré ses arrières, ayant une réputation, elle ne veut pas. C'était certain qu'elle raterait tout ce qu'elle entreprend s'il est dans les parages. Aujourd'hui le confirme encore, il n'avait pas bougé, pas une seconde pendant qu'elle avait envoyé la bouteille. Elle avait raté sa cible, même si après coup elle se rend compte que c'est mieux ainsi.

Il est bien plus âgé qu'elle, mais peu importe, il est le seul qui respecte un minimum sa personne, qui ne la traite pas comme un déchet ambulant. Quand elle s'était rassis et que la salle se vidait, le calme était de nouveau présente, son attitude changea. Elle était plus sereine et même qu'en Auron lui lança un nouveau pic elle ne s'énerva pas. Ceux qui restaient, n'était pas du genre à chercher les emmerdes et encore moins à essayer d'épier le moindre mouvement de la demoiselle. Ils n'étaient pas insupportables pour elle et même la présence d'Auron à sa table ne la dérangeait plus.

Elle est comme ça la Caro, un peu lunatique et l'angoisse qu'un jour quelqu'un découvre tout ne la rassurait pas, la mettant en colère très facilement. D'ailleurs ce soir il serait question de ces rendez-vous qu'elle ne peut pas manquer, qu'elle n'a pas le droit de manquer, ce qu'aucun homme n'a le droit de découvrir sur ce navire. Son cerveau pensait déjà à ce rendez-vous qui lui faisait tant peur. Très vite, pourtant elle se rappela qu'Auron lui avait lancé un pic, il était donc normal qu'elle lui réponde.

- Ils sont un peu con, je ne leur interdits pas de manger, au contraire, mais ne t'inquiète pas, ils reviendront après mon départ pour finir, j'ai l'habitude.

Elle avait presque fini son assiette quand la porte de la cafétéria s'ouvrit avec fracas, le visage de Caro se figea d'énervement, le couteau dans sa main était une arme potentielle et celui qui a fait tant de bruits à intérêt à avoir une raison valable. Elle regarda droit devant elle, en direction d'Auron, même si elle ne le regarda pas spécialement.

- Je vais le tuer ...

L'homme en question, s'approcha de leur table.

- Auron, mademoiselle Caroline ... le capitaine vous demande tous les deux.

L'agressivité de la demoiselle s'arrêta net.

- Il vous demande pour une mission ce soir, tous les deux.

Caroline était sous le choc, premièrement, elle avait ce rendez-vous et semer Auron sera pas une mince affaire et puis, en second, le capitaine c'est très bien qu'elle ne veut pas faire de mission avec Auron, alors pourquoi lui faire ça ?

Tant qu'ils n'iront pas, elle ne saura jamais.

Elle posa ses couverts et se leva. Caro n'attend même pas Auron partant déjà en direction de la cabine de son chef. Elle n'a aucun doute qu'Auron va la rattraper. D'ailleurs elle aurait du parier, car derrière la porte, les hommes affamés attendent déjà son départ.

Contrairement, il semblerait, à la quasi-totalité de l'équipage, Auron a été élevé dans le pur respect de la femme. Quand elle est arrivée sur le vaisseau, Auron n'a pas vu en elle un moyen d'assouvir ses pulsions sexuelles mais une simple nouvelle recrue, certes extrêmement froide et désagréable, mais une recrue quand même. Il les a vu défiler avec leurs remarques salaces et beaucoup ont manqué de perdre leur virilité. Certes Auron n'en restait pas moins un homme et avait souvent des désirs en voyant une jolie femme visiblement disponible mais il se les gardait pour lui . Sa main valide faisait une bien meilleure compagne qu'une femme à violer.

Le départ de la majorité des membres semblait avoir calmé Caro. Quand Auron lança sa petite boutade, elle ne semblait même pas énervé, à croire que son problème était juste de l'agoraphobie... sans doute pas, évidemment, mais elle était tellement calme. La dernière fois qu'il l'a vu comme ça... eh bien il ne l'a jamais vu comme ça, justement, c'était troublant.

« Ils sont un peu con, je ne leur interdits pas de manger, au contraire, mais ne t'inquiète pas, ils reviendront après mon départ pour finir, j'ai l'habitude. »

Oui, c'était logique. Caro avait presque achevé son repas, elle partira alors s'isoler, comme d'habitude. Auron, lui, n'en était qu'à la moitié de son repas et quelqu'un entra en trombe. Instinctivement, le pirate observa la belle. Elle serrait son couteau, signe que...

« Je vais le tuer … »

S'il ne se justifiait pas d'un tel affront envers la femme qui imposait le calme en sa présence.

« Auron, mademoiselle Caroline ... le capitaine vous demande tous les deux. »

Tous les deux ? Genre lui et Caro ? Ensemble ? C'était une première ça.

« Il vous demande pour une mission ce soir, tous les deux. »

En mission en plus ? Double première... Auron n'est jamais parti avec Caro pour une mission.

La belle n'attendit même pas et se leva, quittant le réfectoire. Auron se leva et attrapa la pomme qu'il se réservait pour le dessert, la mangeant en route alors qu'elle rattrapait la pirate.

« Toi et moi, ensemble en mission... c'est une première, tiens. Je pourrais voir ce que tu vaux sur le terrain. »

Auron s'était déjà coltiné tout l'équipage comme partenaire de mission mais jamais la femme. Il devait y avoir une raison bien particulière à cet étrange phénomène... et par conséquent une raison au fait qu'il décide de changer les choses.

Sur le chemin qui mène à la cabine du capitaine, Caroline est songeuse, tout ce qui l'entoure n'affecte pas son humeur. Elle était tellement inquiète, si elle devait perdre sa couverture, elle aurait totalement ruinée ses années, elle n'aurait donc servi à rien. Pourtant il fallait qu'elle le fasse, c'était primordial de ne pas montrer que sa crainte encombrait son esprit. Serrant les poings, filant vers son père adoptif, car il la considérait de la sorte, s'il savait.

Elle n'a rien à reprocher à son capitaine, mais elle ne veut pas créer de liens, chose dure à couper une fois qu'elle aura fini sa mission. Plus elle y pensait, plus elle se disait que si cette mission n'existait pas, peut-être aurait elle liée un lien avec ce père de fortune, rie avec les hommes qui partagent son espace et voir même elle aurait peut-être osé approcher Auron pour mieux le connaitre et voir s'il était possible de savourer des instants de joies, mais voilà en y pensant, sans cette mission elle ne serait pas là en train de se poser toutes ses questions. Donc la boucle était bouclée, elle devait arrêter de se poser des questions aussi futiles.

Très vite, son futur coéquipier la rejoint dans les couloirs. Elle ne le regarda même pas quand il parla. Pour une première sans était une, apparemment elle n'était pas la seule à être surprise. Puis il la prit par surprise quand il insinua qu'il pourra voir comment elle est sur le terrain. Encore trop présente dans ses réflexions, elle n'arriva pas à garder son masque et se mit à rougir. Ce rendez-vous la perturbait, sans aucun doute, mais le fait de partir avec Auron ça c'était doublement embarrassant, s'ils devaient intervenir, elle ne servirait à rien, vu son aptitude quasi inexistante quand il est dans les parages.

Reprenant contenance, Caroline répondit.

- Je peux te retourner le compliment.

Une fois devant la cabine, Caro frappa. Après avoir attendue d'entendre un « entrée », la demoiselle s'engouffra dans la pièce mystère. Peu d'hommes avaient l'occasion d'y entrer, mais elle n'était pas n'importe qui. La spécialité de Caroline, hormis le lançage d'objets envers l'équipage, était la collecte d'information. Pour cette mission, la brunette se demandait si c'était pour ça, ou bien s'il avait découvert son plan. De toute façon il fallait attendre ses ordres.

Caroline, Auron j'aimerais que vous alliez ce soir en ville. Apparemment il y a un traitre parmi notre équipage et je ne peux faire confiance qu'à vous deux.

Les craintes de Caro se confirment, mais elle devait rester calme.

- Alors, vous allez récolter des informations et puis certains groupes veulent notre déchéance donc j'aimerais que vous remettiez leurs idées en places.

Une mission avec Caro... une sacrée opportunité. Auron n'a jamais eu la chance de faire le moindre petit travail en sa compagnie. Certes, ça ne sera pas une partie de plaisir et il la finira comme il l'a commencé : avec une Caro froide et distante, impossible à dégeler... mais ça valait quand même le coup d'essayer, rien que pour voir comment elle se débrouillait en mission.

« Je peux te retourner le compliment. »

[i]Apparemment, c'était la même chose pour elle. C'était l'occasion de lui montrer que lui aussi avait l'estime de tout l'équipage pour une bonne raison. Arrivé à la cabine du capitaine, elle frappa à la porte et l'ouvrit sur invitation du capitaine. Entrer chez lui était soit un immense honneur soit pour une raison qui n'augurait rien de bon.

« Caroline, Auron j'aimerais que vous alliez ce soir en ville. Apparemment il y a un traitre parmi notre équipage et je ne peux faire confiance qu'à vous deux. »

Un traitre ? Parmi l'équipage ? Incroyable.

« Alors, vous allez récolter des informations et puis certains groupes veulent notre déchéance donc j'aimerais que vous remettiez leurs idées en places.
- Oui capitaine. »

Un traitre... il n'arrivait pas à y croire. Il avait confiance en ses hommes, tous autant qu'ils sont, il les connaissait, il savait juger quelqu'un et savoir s'il pouvait lui faire confiance ou non. Tous, depuis le capitaine jusqu'à la dernière recrue en passant par Caro... il avait confiance en chacun d'entre eux et n'a jamais été déçu par qui que ce soit. Une boule se forma dans son ventre. Qui l'a trahi ? Qui les a roulé ? Il fallait qu'il découvre ça.

Auron jeta un œil à Caro. A quoi elle pensait ? Etait-elle aussi troublée que lui ? Elle avait pour mission de dénicher la pomme pourrie avec son aide. Elle saurait sans doute se débrouiller sans lui, mais il y avait sans doute une raison pour laquelle le capitaine voulait qu'il soit deux et ce n'était pas dur de deviner : il avait confiance en chacun de ses hommes et découvrir qu'il y a un traitre signifiait que n'importe qui, y compris ses plus proches. Voilà donc la raison : si lui ou Caro était un traitre, l'autre le saura. Mais... non, pas Caro, c'était pas possible, pas elle. Elle était pressentie pour être capitaine, elle ne pouvait pas avoir trahie le capitaine. D'aucun disaient qu'il y avait une relation proche du père et fille entre elle et le chef, ce n'était pas pour rien qu'elle pouvait bien être la prochaine à porter le tricorne du capitaine.

Caroline se sentait mal, trouvé des informations sur sa traitrise, enfin elle n'aurait aucun mal à cacher la vérité, mais voilà Auron était avec elle pour trouver ces informations, ce qui compliquait la chose. Puis ce soir, ce rendez-vous était capital, d'après ce qu'on lui avait dit à sa dernière visite. Elle avait une mission principale, mais à tout moment ses supérieurs pouvaient changer le plan et comme un toutou bien dressé elle devait suivre les ordres à la lettre.

Bizarrement elle n'a rien contre le vaisseau, ni les hommes qui partagent son existence, elle ne faisait que se servir d'eux pour pouvoir atteindre son objectif et même si elle essaie de rester à l'écart, pour ne pas avoir de sentiments, elle serait triste si quelque chose devaient leurs arrivées.

Elle ne prend même pas la peine de tourner la tête pour voir l'expression d'Auron, elle savait qu'il devait être bouleversé par cette nouvelle. Qui peut bien trahir le capitaine ? A voir de plus près, personne, mais voilà il a fallu d'une fois, d'un mot, pour que tout ça soit remonté aux oreilles de son père adoptif. Puis franchement, c'est rendez-vous avaient toujours été bien préparé, sans la moindre encombre, Caro commençait à se demander si c'était bien d'elle qu'on parlait.

- A vos ordres capitaine.

Elle se retourna, disparaissant de la cabine. Ce n'était sérieusement pas la peine de l'emmerder maintenant. Elle filait droit vers sa chambre, pour y mettre une tenue de circonstance et prendre ses affaires. Elle réfléchissait déjà à ce soir, voir comment elle devait se comporter et surtout comment empêcher Auron d'approcher de ce rendez-vous.

Tellement dans ses pensées, que le verrou de sa chambre n'était pas fermé, quiconque pouvait entrer, mais elle était ailleurs. Enlevant un par un ses vêtements, se retrouvant en culotte au milieu de sa chambre. Dos à la porte, la demoiselle fouille dans ses affaires, pour trouver ce qu'elle va porter ce soir. On peut apercevoir dans son dos, des blessures, de vilaines cicatrices qui ont meurtris sont corps, le souvenir de la mort tragique de ses parents. Elle prend un pantalon simple, avec la couleur qu'elle connait le mieux, noir. Elle l'enfile et cherche pour le haut. Il fallait qu'elle discrète, alors elle choisit un top de la même couleur, faisant disparaître sa nudité. Enfin elle prit sa veste et l'enfila, avant de prendre deux / trois armes, bien dissimulé et sortis de sa chambre.

Le navire n'était pas loin de se mettre en position pour faire sortir Auron et Caro, alors la demoiselle partie en direction de la porte de sortie.